26 mars 2020

Interview d’Eric Girot, Directeur Général AAG France

Article du 26 mars 2020 – ZEPROS

Éric Girot, DG d’Alliance Automotive Group, tient tout d’abord à expliquer une position qui n’a pas été comprise par tout le monde. « Nous avons été choqués par l’évolution de la maladie. Nous avons donc voulu suivre de façon exemplaire les consignes de confinement pour mettre le plus rapidement possible nos salariés à l’abri ainsi que nos concitoyens. » D’où la première réaction de fermeture de tous les sites du groupe. Mais dans le même temps, il ne s’agissait pas de lâcher l’affaire ! « Dès le mardi, nous annoncions la mise en place d’un dispositif de service d’urgence pour les véhicules de première nécessité. Et je précise que je l’entends au sens large intégrant évidemment les véhicules de secours, ceux des services de santé, ceux assurant le transport des marchandises mais également toutes les personnes devant aller travailler pour assurer la continuité de la vie du pays. »


Hotline avec numéro unique


Une hotline a donc été activée à partir du jeudi 19 mars pour répondre aux questions concernant les garages opérationnels, l’accès aux pièces, mais aussi l’information pour décrypter les mesures gouvernementales d’aides aux entreprises. AAG s’est appuyé sur sa hotline déjà existante (fonction internalisée il y a quelques mois). « Le dispositif monte en puissance. Mercredi 25 mars, soit une semaine après sa mise en place, les douze hotliners ont reçu 1000 appels dans la journée ! Et ce n’est que le début. D’autant que tous les distributeurs et réparateurs affichent le numéro unique sur leur devanture. La hotline centralise ainsi tous les appels que nous redispatchons ensuite », explique Laurent Attal, directeur des ventes. Au particulier cherchant un garage, est envoyée la liste de ceux disponibles dans son périmètre. Pour le garage à la recherche d’une pièce, la première étape est de vérifier son distributeur de référence. Si celui-ci est fermé, le hotliner lui indique le site le plus près de chez lui pouvant le servir.


«Un grand coup de chapeau à tous ceux qui assurent la vie du pays. En priorité nos soignants, mais également tous ceux qui continuent de travailler et bien sûr à nos équipes. Je suis très admiratif de leur courage » .


Dispositif logistique


Aucune rupture pour le groupement : « Nous avions surstocké au moment de la montée en puissance de l’épidémie en Chine car nous craignions que certains fournisseurs aient des difficultés à assurer les livraisons », explique Éric Girot. Aujourd’hui, quatre plateformes sont opérationnelles : Le Rheu et Todd (PL), Blois (VL), Le Hello (Technique). Et celle de Sainte-Geneviève-des-Bois vient d’être rouverte pour compléter l’offre de Blois. « Nous avons préféré concentrer nos efforts sur les sites ayant les gammes les plus larges pour éviter de remettre tout le monde sur les routes. Mais les flux sont infiniment faibles [de 5 à 10 % de l’activité normale, ndlr]. Ce qui est logique puisque notre objectif est de nous concentrer sur le dépannage des véhicules de première nécessité. »


Un corridor de sécurité a été organisé sur les plateformes pour protéger la sécurité des salariés volontaires. Est maintenu un seul opérateur par zone, le but étant d’éviter qu’ils ne se croisent. Ce qui est plus facile sur les grosses plateformes nationales. Le système de livraison a été revu : l’expédition quotidienne se fait dorénavant à partir de 15h00 pour une livraison qui arrive le lendemain matin. Côté livraison, le transporteur habituel (Ciblex) a bien voulu continuer à assurer le transport. « Là aussi, nous avons mis en place le protocole du « sans contact ». Cette logistique dégradée suffit car dans cette période exceptionnelle, il n’y a plus la même notion de service, de respect des horaires… », explique Éric Girot.


Dispositif de distribution


Côté distribution locale, à date, 345 sites (VL et PL) sont d’astreinte, dont toutes les filiales et les indépendants dans le cadre du volontariat.


Et les garages


Le mercredi 25 mars, 363 ateliers VL et 97 PL se sont signalés à la hotline comme étant « à disposition ». « Mais là encore, cela évolue tous les jours. Je pense que plus on en parlera, plus les volontaires se déclareront », précise Laurent Attal.


Solidarité


« Nous réfléchissons à la mise à disposition de véhicules de courtoisie pour permettre à nos concitoyens qui en ont besoin de rouler en cas de panne lourde de leur véhicule. Mais là aussi, c’est compliqué. Comment désinfecter un véhicule avant le prêt et sa restitution ? Nous sommes en train de construire des protocoles sanitaires », décrit Éric Girot. L’idée est de fluidifier au maximum la mobilité pour assurer la continuité de l’État.


Et l’après-crise


Un chef de projet a été nommé pour préparer le plan de reprise. « Ce sera sans doute régional. Car la situation est différente d’une région à une autre », considère Éric Girot. Des plans de soutien aux réparateurs ? « On pousse les mesures de soutien de l’État vers les entreprises et celles des régions. Nous avons également négocié avec les prestataires (véhicules de courtoisie, offres de financement…) qui assez naturellement viennent en aide de nos réseaux pour alléger leurs frais. De toute façon, il faudra se serrer les coudes. Un grand coup de chapeau à tous ceux qui assurent la vie du pays. En priorité nos soignants, mais également tous ceux qui continuent de travailler et bien sûr à nos équipes. Car ils prennent plus de risque que d’autres. Je suis très admiratif de leur courage », complète-t-il.


Caroline Ridet

26 mars 2020