28 mars 2020

Interview d’Eric Girot, Directeur Général AAG France


Article du 27 mars 2020 – ProL’Argus.fr


Eric Girot, directeur général de la filiale française d’Alliance Automotive, a répondu aux questions de “L’argus” sur la nouvelle organisation du groupe en cette période de confinement. Le distributeur de pièces détachées automobiles dit assurer un service d’urgence. Verbatim.


Epidémie de Covid-19 oblige, une vidéoconférence a été organisée entre les équipes d’Alliance Automotive Group France et la rédaction de L’argus, jeudi 26 mars 2020. La parole a surtout été donnée au patron, Éric Girot, qui a dépeint la situation de l’entreprise, entre fermetures de garages, services d’urgence et hotline dédiée. Il a également assuré travailler sur plusieurs scénarios de sortie de crise.


Garantir la maintenance des véhicules de première nécessité


« Nous avons tous été choqués par la gravité de la situation en France et ailleurs, mais nous avons su, et assez rapidement, prendre la mesure des risques. C’est pourquoi, dès le début, nous avons décidé de mettre tous nos salariés à l’abri et ainsi de protéger tous nos concitoyens par nos décisions. Nous savions alors que les automobilistes allaient avoir une utilisation réduite, voire quasi nulle, de leur véhicule. Mais il reste cependant les déplacements de première nécessité et aussi les trajets domicile-travail pour assurer les services essentiels à la bonne marche du pays, nous nous devions de garantir la maintenance de ces véhicules-là. »


Une hotline d’urgence


« Fort d’un dispositif que nous utilisions déjà en interne, soit une hotline technique, nous avons mis en place une solution d’urgence. Nous avons donc formé nos collaborateurs, déjà habitués au télétravail, mais aussi redimensionné rapidement ce service. Nous avons voulu être capables de pouvoir orienter les conducteurs des véhicules de première nécessité vers des ateliers pouvant les accueillir et ainsi éviter la paralysie du pays. Nous pensons naturellement aux véhicules de secours ou à des flottes de poids lourds avec lesquels nous avons des accords qui nous contraignent à une sorte d’astreinte, mais nous y ajoutons assez vite la logistique alimentaire, pharmaceutique, de matières premières, comme le carburant, mais aussi les véhicules particuliers des médecins, infirmières, des caissières ou d’un certain nombre de professionnels qui restent mobilisés. Il s’agit donc, à travers cette hotline, de donner la liste des garages ouverts. »



« Nous aidons également les ateliers qui sont ouverts ou d’astreinte à trouver une pièce. Nos équipes les orientent vers des distributeurs qui jouent le jeu, à savoir ceux capables de fournir les ateliers pour réparer ces véhicules de première nécessité, même s’ils ne sont pas ouverts au sens figuré. »


« Le troisième volet est de renseigner les clients garagistes qui se posent un tas de questions sur les démarches à mener pour sauver leur entreprise. Nous prodiguons quelques conseils et en cela, nous les aidons et gardons une certaine proximité avec eux. Nous ne les laissons pas tomber. »



« Le confinement est la meilleure solution dans la grande majorité des cas, mais il faut tout de même répondre aux besoins. Je comprends que certains pensent que nous nous sommes repliés un peu vite en ne restant que sur la forme du service d’urgence, mais je me sens responsable de 4 500 personnes, il a fallu les protéger. Je rappelle qu’en deux jours, nous avons été capables de réadapter notre dispositif, donc de dépanner les garages qui doivent eux-mêmes dépanner des professionnels. Nous répondons largement au plan de continuité d’activité préconisé par le gouvernement. »


460 garages et 346 distributeurs d’astreinte


« La situation évolue tous les jours, mais actuellement, il y a une douzaine de hotliners qui peuvent orienter les demandes vers 363 garages VP du réseau enregistrés sur environ deux milliers (Precisium, Top Garage, Groupauto, Etape Auto, Mon Carrossier…) et 97 ateliers poids lourds déclarés sur 200 sites environ (G Truck, notamment). Au professionnel, c’est-à-dire le garagiste qui veut se fournir en pièces, nous proposons une base de 346 distributeurs inscrits, soit 282 VL et 198 PL, certains couvrant les deux besoins. Avec ce nombre de déclarés auprès de la hotline, nous estimons pouvoir couvrir au minimum le territoire et plus nous serons connus, plus il y a des garages qui voudront se faire connaître et s’inscrire. L’idée est de trouver des solutions ensemble. Je rappelle que nous n’ouvrons pas nos portes, mais nous sommes bien dans une démarche de portes fermées, avec une activité en sous-marin à l’intérieur des ateliers, en train de préparer les commandes ou de réparer les véhicules. Nous recommandons en tout cas à notre réseau de fermer au public, mais de traiter les cas urgents à la demande. »


Trouver le juste milieu


« Nous devons trouver le juste milieu entre la fermeture totale, qui est quand même assez cataclysmique et qui nous ne permet pas d’assurer notre service minimum, et une ouverture trop massive, qui met en danger nos salariés. Nous avons vécu trois phases depuis l’annonce du président Emmanuel Macron : tout le monde a fermé en premier lieu, puis les flottes et carrossiers ont eu des besoins, donc il y a eu une deuxième phase de réouverture, et, actuellement, nous tentons de nous réorganiser de façon pérenne en sachant à peu près où nous allons.
L’activité reste assez incertaine pour l’instant, mais nous ne sommes pas inquiets du côté de nos stocks. Nous avons anticipé que des fournisseurs pouvaient être pénalisés par certains flux. Sur nos plateformes, nous avons donc beaucoup de stock et même si les équipes sont très réduites, nous livrons quand même. Tout se passe bien, mais en Corse, par exemple, nous ne sommes pas capables de livrer en J+1. Dans d’autres départements, certains livreurs sont perturbés, car ils croient souvent que le magasin est fermé… Nous apprenons tous les jours pour être le plus efficace possible, tout le monde est compréhensif. »


Des plans de sortie de crise


« Nous travaillons sur des plans de sortie de crise et je vous avoue que cela nous donne un peu le moral. Toute la difficulté pour nous est que nous ne connaissons pas la date de fin. Mais le plus ennuyeux, c’est de ne pas connaître le process. Nous travaillons donc sur plusieurs scénarios pour savoir comment les choses pourraient se passer, comme un  “déconfinement” régional ou par type de population… Il y a de grosses interrogations. »


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28 mars 2020